L’Ademe (Agence de la transition écologique) publie une étude sur l’autorénovation énergétique, à savoir les travaux de rénovation énergétique réalisés par les propriétaires eux-mêmes sur leur logement. Selon l’agence, l’autorénovation autonome ou accompagnée par un artisan peut aider à massifier les rénovations, en complément des chantiers classiques.
Qu’est-ce que l’autorénovation ?
On appelle autorénovation les travaux de rénovation réalisés par les propriétaires eux-mêmes sur leur logement, en totalité ou en partie.
L’autorénovation accompagnée (ARA) désigne ce même type de travaux quand le propriétaire est accompagné par un artisan qui le conseille et le guide avant, pendant et après le chantier d’autorénovation.
Les particuliers se tournent vers l’autorénovation pour réduire le coût de leurs travaux. Cela leur permet d’envisager parfois des travaux plus ambitieux.
État des lieux de la pratique de l’autorénovation
Les autorénovateurs sont surtout des personnes de moins de 35 ans ou des foyers de 3 personnes et plus, indique l’étude de l’Ademe1.
Elle dévoile par ailleurs un chiffre étonnant : selon l’enquête Tremi, grande enquête nationale réalisée sur les travaux de rénovation en France entre 2016 et 2019, 26 % des travaux de rénovation de maisons individuelles ont été réalisés sur cette période en autorénovation, soit plus d’1/4 des opérations !
L’autorénovation accompagnée (ARA) représente elle seulement 3 % des travaux étudiés par l’enquête Tremi selon l’Ademe.
L’autorénovation – autonome et accompagnée – en est à un stade assez avancé en France par rapport aux autres pays européens. 200 professionnels de travaux en France en tout pratiqueraient l’ARA.
Un point noir : le manque de cadre
L’activité d’autorénovation accompagnée n’est cependant pas reconnue par les organisations de représentation des professionnels du bâtiment.
Elle souffre aussi d’une absence de cadre sur le versant de l’assurance. Ainsi, les pros veulent que l’ARA soit reconnue comme une modalité de réalisation de travaux par les assureurs, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Néanmoins, les prestations d’ARA sont encadrées par des contrats qui spécifient la répartition des tâches entre le pro et le client et des consignes de sécurité à respecter.
Aujourd’hui, 29 % des autorénovateurs autonomes seraient prêts à faire appel à l’ARA si c’était possible, précise l’étude de l’Ademe.
LE POTENTIEL ÉCONOMIQUE DE L’ARA
L’Ademe a calculé un potentiel de CA pour le bâtiment d’1 Mds d’euros en comptant 667 000 opérations réalisées par an soit une multiplication par 7 du volume actuel de l’ARA.
Envie de vous lancer ? Selon les pros qui pratiquent l’ARA, les facteurs de réussite sont les suivants :
- bien définir les compétences du propriétaire autorénovateur ;
- quantifier le temps d’accompagnement nécessaire ;
- bien évaluer le temps nécessaire pour évaluer le cadre de l’ARA, le temps de conseils avant et pendant le chantier.
Vers un financement public de l’autorénovation accompagnée ?
Le gouvernement a récemment fait des annonces évoquant la création éventuelle d’une aide financière publique dédiée à l’autorénovation. Pour l’instant, les organisations de représentation des professionnels du bâtiment sont opposées à une telle mesure, la filière faisant des efforts, entre autres avec le RGE, pour professionnaliser le plus possible la rénovation énergétique.
Notre avis
Le manque de main d’œuvre qualifiée et le coût des travaux peuvent freiner la massification de la rénovation énergétique en France.
L’autorénovation accompagnée apparaît comme un complément intéressant de ce point de vue à la rénovation classique, elle nécessite moins de compétences pratiques de la part des artisans qu’une prestation complète d’exécution d’ouvrages et peut réduire le reste à charge du client.