Rendue nécessaire par la limitation des ressources, le dérèglement climatique, la santé publique et l’indépendance énergétique du pays, la transition énergétique occupe un rôle stratégique et les attentes et objectifs sont par conséquent élevés.
Définition de la transition énergétique
La transition énergétique désigne le fait de changer les modes de production et de consommation de l’énergie. Concrètement, cette transition vise à remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables. Les premières, polluantes, sont la principale cause de l’augmentation du taux de CO2 dans l’air, responsable du réchauffement climatique. Cette pollution serait par ailleurs la source, chaque année, de 8 millions de morts prématurées, soit 20% des adultes décédés dans le monde.
Les énergies renouvelables quant à elles ne produisent que peu de CO2, principalement émis lors de la fabrication des infrastructures, par exemple l’extraction des matières premières pour les panneaux solaires, la construction d’un barrage ou encore l’installation d’un champ d’éoliennes. Elles sont ainsi bien moins polluantes que les énergies fossiles, et bénéficient de ressources illimitées (soleil, vent, marées, etc.), évitant ainsi les crises liées aux pénuries et les fluctuations dans les prix que l’on connaît avec le pétrole et le charbon.
Passer aux énergies renouvelables ne suffit pas
Il serait donc logique de se demander « pourquoi ne pas simplement investir massivement dans les énergies renouvelables ? ». La question est simple mais la réponse se doit d’être prudente pour plusieurs raisons :
- L ’électricité en France représente 25% de la consommation d’énergie finale. Et les énergies renouvelables représentent 21% de la production d’électricité. Or, certaines énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique) ne produisent que de l’électricité, ce qui signifie qu’à l’heure actuelle, leur impact est limité à un quart de la consommation énergétique française. Cependant, l’électrification de certaines dépenses d’énergie comme les transports et le chauffage laissent entrevoir une augmentation de la part de l’électricité dans le mix énergétique.
- Les énergies renouvelables sont intermittentes. Leur facteur de charge (pourcentage de la production effective par rapport à une utilisation nominale à plein temps) est bien inférieur au nucléaire (15% pour le photovoltaïque, 25% pour l’éolien, contre 75% pour le nucléaire). Cette intermittence liée à la météo et aux saisons rend la production d’électricité inconstante, ce qui peut menacer la stabilité du réseau électrique.
- L’électricité issue de ces énergies renouvelables est difficilement stockable. Pour lutter face à cette intermittence, le stockage de l’énergie est indispensable. Il existe plusieurs méthodes de stockage comme l’air comprimé, l’hydrogène, les batteries et les stations de transfert d’énergie avec pompage, mais toutes entraînent des pertes d’énergie. Elles ont également une quantité d’énergie et une durée de stockage limitées.
Un investissement massif dans les énergies renouvelables ne suffit donc pas à lui seul à réaliser une transition énergétique efficace. Pour cela, il est nécessaire de combiner d’autres initiatives que nous allons développer ci-dessous.
La nécessaire prise en compte de la demande d’énergie
Puisque l’énergie renouvelable ne peut pas couvrir tous les besoins d’énergie à court terme et que les méthodes de stockage ne sont pas encore optimales, la transition énergétique s’appuie également sur la demande de l’énergie.
Comme le montre le schéma ci-contre créé par l’association negaWatt, le développement des énergies renouvelables s’accompagne également de deux autres axes :
- Sobriété : le but est d’économiser l’énergie consommée, dans les transports (ex : augmentation du fret ferroviaire, promotion des transports en commun), les bâtiments (ex : diminuer l’éclairage nocturne des bureaux et commerces), l’agriculture (ex : transition des protéines animales vers les protéines végétales, lutte contre le gaspillage) et l’industrie (ex : consigne, recyclage).
- Efficacité : il s’agit d’optimiser la quantité d’énergie dépensée pour un usage particulier, souvent au moyen d’innovation technologiques (isolation des bâtiments, rendement des véhicules et des appareils électriques…).
Lois et objectifs de la France dans sa transition énergétique
La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a été publiée au Journal Officiel en août 2015. Elle a pour objectif affiché de préserver l’environnement et de renforcer l’indépendance énergétique de la France. La loi fixe ainsi 9 objectifs à moyen et long terme :
- Diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2050 ;
- Réduire la consommation énergétique finale de 50% d’ici 2050, par rapport à 2012.
- Atteindre un niveau « bâtiment basse consommation » pour l’ensemble du parc en 2050 ;
- Réduire la consommation énergétique primaire d’énergie fossile de 30% en 2030 par rapport à 2012 ;
- Porter la part des énergies renouvelables à 32% de la consommation finale brute d’énergie en 2030 ;
- Porter la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50% d’ici 2025 ;
- Réduire à 50% la quantité de déchets mis en décharge d’ici 2025 ;
- Lutter contre la précarité énergétique ;
- Assurer un droit à l’accès à l’énergie sans coût excessif au regard des ressources des ménages.
Ces objectifs rappellent ainsi que la transition énergétique ne s’inscrit pas seulement dans l’adoption massive des énergies renouvelables, mais également dans la sobriété et l’efficacité, comme nous l’avons vu précédemment.
Pour répondre à ces objectifs, des mesures phares ont ainsi été mises en place :
- Rénovation du parc de bâtiments existant ;
- Amélioration de la performance énergétique des bâtiments neufs ;
- Développement des transports propres ;
- Lutte contre le gaspillage et promotion de l’économie circulaire ;
- Développement des énergies renouvelables ;
- Renforcement de la sûreté nucléaire ;
- Simplification des procédures et clarification du cadre de régulation, afin de favoriser les installations de production d’énergies renouvelables ;
- La lutte contre la précarité énergétique, notamment avec la création du chèque énergie.
Où en est-on aujourd’hui ?
Fin 2018, le think tank IDDRI faisait une évaluation de l’état d’avancement de la transition bas carbone en France. Selon l’institut, le bilan est mitigé, puisque les trajectoires tendancielles de ces dernières années ne suivent pas les objectifs fixés. C’est le cas de l’évolution de la consommation finale d’énergie et de la consommation primaire d’énergies fossiles.
Plus récemment (septembre 2020), le Haut Conseil pour le Climat a publié son rapport annuel, faisant état d’une diminution des gaz à effet de serre de 0,9% en 2019 par rapport à 2018, encore loin de l’objectif d’une diminution de 1,5% annuelle.
Pour l’année 2020, les mesures sanitaires prises durant l’épidémie de COVID-19 ont eu pour conséquence une forte baisse de la consommation finale dans les secteurs des transports et de l’industrie, comme on peut le constater dans le rapport provisoire de 2020 publié par le ministère de la transition économique. Une baisse que le Haut Conseil pour le Climat juge toutefois conjecturelle et temporaire et qui ne résulte pas d’une tendance de fond.
L’IDDRI indique ainsi que les efforts à consentir pour se placer dans les trajectoires compatibles avec les objectifs fixés sont importants. Elle note cependant que le temps entre les mesures prises et les premiers retours est court, et que les secteurs (transports, bâtiments, agriculture…) ont une inertie. Par exemple, le temps de renouvellement du parc automobile est d’environ 15 ans, ce qui signifie que l’efficacité d’une nouvelle mesure concernant ce secteur sera difficile à évaluer avant la fin de cette durée. Cela rend ainsi l’impact de des mesures prises dans le cadre de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte difficile à estimer pour le moment.
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